Placer l’éthique au cœur des processus de conception, d’évaluation et de décision

Si la manière d'appréhender l’éthique numérique peut varier selon les environnements et les contextes culturels, ses principes fondamentaux (transparence, équité, soutenabilité, respect de la vie privée, sécurité…) font largement consensus. Toute la question est de savoir comment les mettre en œuvre : comment concevoir des dispositifs numériques « éthiques by design » ajustés à l’usage et répondant aux critères d’un numérique responsable ?

Balles et échelle

Nous proposons trois leviers d’action pour intégrer l’éthique aux processus de décision, de conception, d’évaluation et encourager notamment la prise en compte de cette nouvelle dimension dans l’enseignement supérieur et la formation des étudiants.

Nous partageons également des méthodes pratiques pour les dirigeants qui souhaiteraient placer l’éthique numérique au cœur de leur organisation.

Enfin, nous ouvrons la discussion sur le rôle que pourrait jouer l’éthique numérique dans les décisions stratégiques des entreprises, sur l’écosystème, avec une méthode permettant la mise en action.

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Faire du numérique un allié de l’éthique

Après une année de bouleversements sans précédent, le Baromètre Edelmann de la confiance 2021 révèle une épidémie de désinformation et de méfiance généralisée à l’égard des institutions et des dirigeants de la société dans le monde entier.

Les entreprises apparaissent comme une « valeur refuge  » : 

61%
des sondés les considèrent à la fois comme éthiques et compétentes.

86 %
des répondants attendent des CEO qu’ils s’impliquent publiquement dans la gestion des sujets sociétaux

67 %
des français attendent des CEO qu'ils interviennent en relais du gouvernement quand celui-ci peine à résoudre les problèmes sociétaux

Lorsque la réflexion déontologique se traduit techniquement, on parle « d’éthique by design ». Les considérations éthiques sont alors prises en compte dès la création des services et produits numériques.

Cela pose des questions très opérationnelles, qui relèvent non seulement de la prise de conscience des enjeux, des modes opératoires, de l’organisation de l’entreprise mais également de la formation des étudiants. Questions qui engagent un grand nombre de fonctions de l’entreprise (achats, marketing, opérations…) ainsi que l’enseignement supérieur.

Trois leviers pour intégrer l’éthique aux processus de décision, de conception, d’évaluation

1. Doter les futurs actifs des compétences nécessaires pour déployer un numérique éthique dans tous les métiers

La formation de tous les étudiants, comme ensuite la formation continue en entreprise, est un levier puissant pour développer un numérique plus responsable, transparent, capacitant, vertueux… et pour construire de la confiance, cet actif immatériel qui est une clé de la performance économique. L’éthique de l’ingénieur, le management responsable ou bien la RSE des entreprises prennent ainsi toute leur place dans les programmes académiques.

2. Concevoir des services numériques « éthiques by design »

La question d’un « numérique porteur d’éthique » peut être étudiée sous plusieurs angles : celui de la conception même des services, de leur fabrication ou encore de la relation entre l’individu et le service ou l’objet numérique.

Flora Fisher, chargée de mission au CIGREF, définit l’éthique by design comme la capacité à « intégrer des valeurs et des principes humains dès la conception des outils technologiques. Cela se traduit par une réflexion déontologique, qui se concrétise ensuite techniquement. »

 

3. Développer des outils de notation de l’éthique adaptés aux enjeux numériques des entreprises

A ce stade les outils capables d’évaluer l’éthique d’un service numérique ou plutôt la conformité éthique sont peu développés si ce n’est sur les questions d’impact environnemental. Il faut imaginer un Ethiscore, évaluant le caractère responsable ou éthique d’un service ou d’un produit, et proposant une approche holistique, embrassant l’ensemble des composantes de la politique générale d’entreprise et de la chaîne de valeur.

notation

 

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En pratique : deux méthodes pour les dirigeants souhaitant placer l’éthique numérique au cœur de leur organisation

Ce contexte nouveau a obligé les dirigeants ainsi que les responsables des risques et de la conformité à prendre au sérieux l’éthique numérique non seulement pour satisfaire leurs clients, mais également pour protéger la réputation de leur entreprise et la confiance des actionnaires. L’éthique devient dès lors un vrai critère participant des décisions stratégiques en entreprise.

1. Méthode 1 : bâtir une “matrice de matérialité éthique”

Nous pouvons imaginer une « matrice de matérialité éthique » permettant d’identifier et de prioriser les critères éthiques les plus créateurs de valeur pour l’entreprise en fonction de sa raison d’être, de sa promesse, de son organisation, de son offre, mais aussi des attentes dont elle est l’objet.Matrice de matérialité éthique


2. Méthode 2 : Identifier les moyens à mettre en œuvre en définissant une mission de « Chief Digital Ethics Officer » (CDEO)

Nous ne portons pas ici de conviction sur la nécessité de créer ou pas un tel poste en entreprise, nous sommes même plutôt convaincus que la traduction dans l’organisation de la prise en compte de l’éthique est une réponse propre à chaque organisation. En revanche, poser le cas pratique de création d’un tel poste nous permet ici de cibler les questions sous-jacentes à la prise en compte de l’éthique comme critère de décisions stratégiques en entreprise. Parce qu’elle doit être transverse à l’organisation, la mission du CDEO dépasse le périmètre du DSI et peut, soit être en délégation directe de la Direction Générale, soit au service du contrôle interne, de la gestion des risques ou de la RSE.

Fiche de poste CDEO

Faire de l’éthique numérique le fondement de la stratégie des entreprises

À plus long terme, les entreprises devront veiller à ce que chacun de leurs métiers tienne compte des enjeux d’éthique numérique. Elles y parviendront, à la condition que les futurs actifs soient eux-mêmes dotés des compétences nécessaires. La formation des étudiants - puis leur formation continue – est sans doute le premier levier à actionner pour un numérique plus responsable et transparent. C’est pourquoi l’Exploratoire propose aux grandes écoles et universités des études et cas visant à alimenter un tronc commun de culture générale sur le numérique et l’éthique. Ce corpus pourra être étayé par des modules consacrés à la responsabilité environnementale, à l’impact social et à la résilience de l’entreprise.

Reste ensuite à mener des expérimentations. C’est le parti pris de l’Exploratoire qui aspire à placer l’éthique au cœur de l’action, et au sein duquel nous donnons rendez-vous à tous ceux qui souhaitent contribuer, écouter, alimenter, participer, tous ceux qui souhaitent « mettre le numérique à la forge » afin d’avancer ensemble vers une transition digitale juste, proche de nos cultures, qui nous ressemble.

Consultants, Sopra Steria Next :
Najib Al-Ghossein
Paul Bertrand
Philippine De Nicolay
Amaury Gaucher
Hamza Issoual
Simon Kaye
Pierre Lanoe
Caroline Lebrard
Nicolas Navarro
Baptiste Pradere
Mathilde Rebolledo
Emmanuelle Rolle
Jeremy Sintes
Alizee Tana

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