Les objectifs du monde économique sont en partie déconnectés des territoires qui en permettent la réalisation. Face à cet état de fait, entreprises et pouvoirs publics ont mis en place des stratégies d’atténuation des impacts environnementaux, notamment via des démarches d’économie de moyens, que l’on qualifiera de démarches de sobriété.
Mais ne faut-il pas aller plus loin ?
Là où la sobriété pose une interrogation sur le bilan d’un dispositif, la frugalité numérique s’interroge sur l’opportunité même de la solution technique. Plus qu’un renoncement, une démarche frugale apparaît comme un recentrement.
Pourquoi sa généralisation semble alors difficilement accessible ? Illustrée au travers du secteur numérique, cette note d’analyse présente les bénéfices d’une telle démarche mais également les limites auxquelles les entreprises se confrontent.
L’industrie du numérique occupe une place ambivalente : prometteuse pour les leviers organisationnels qu’elle permet (une meilleure allocation des ressources et de nouvelles stratégies de réponse), problématique pour les externalités négatives qu’elle induit.
Pouvoirs publics, entreprises ou associations y ont répondu via :
Face à un marché en mutation, de gré ou de force, les entreprises ont un arbitrage à effectuer entre la rentabilité court terme et leur adaptation. Or, une nouvelle notion peut apporter une réponse : la frugalité
Il est assez vite apparu que la dimension Green IT ne pouvait épuiser toutes les problématiques du numérique. Il fallait penser l’environnemental, le social, la confidentialité de la donnée, l’accessibilité, en même temps pour pouvoir vraiment parler de numérique durable. Murielle BARNEOUDDirectrice de l'Engagement sociétalGroupe La Poste
Murielle BARNEOUDDirectrice de l'Engagement sociétal
Groupe La Poste
Une stratégie frugale permet d’aborder un certain nombre de problématiques rencontrées par les entreprises :
Une stratégie frugale impose de repenser le positionnement sur son marché et son offre de valeur. On ne peut ainsi faire l’économie d’une reconsidération du business model et de ses fondements.
Une innovation frugale est donc avant tout une innovation de business model. Cette note d’analyse présente entre autres deux exemples éclairants sur le sujet : le programme d’ENGIE IT Skynote Green pour les services, la politique de bridage de ses moteurs par Volvo pour les produits.
Si pour être définie et appliquée, la frugalité numérique doit découler de la promesse de valeur de l’entreprise, elle ne peut être circonscrite qu’à une part de l’activité d’un marché.
C’est pour cela que la frugalité restera un secteur de niche, un pas de côté par rapport à la normalité. Comment dès lors produire une organisation qui puisse mettre en œuvre une stratégie frugale ?
La question du périmètre de réflexion est essentielle. La sobriété numérique aux bornes du département peut être un coût ; élargie aux métiers c'est un bénéfice.Olivier SERVOISEDirecteur de projet innovation, Directeur du centre d'excellence numérique responsable ENGIE IT
La question du périmètre de réflexion est essentielle. La sobriété numérique aux bornes du département peut être un coût ; élargie aux métiers c'est un bénéfice.
Olivier SERVOISE
Directeur de projet innovation, Directeur du centre d'excellence numérique responsable
ENGIE IT
Une fois ce raisonnement posé, trois impasses subsistent avant d’envisager la mise en place d’une stratégie frugale :
Le caractère transverse du numérique ainsi que la nature variée de ses impacts ont fait se démultiplier les acteurs susceptibles d’intervenir sur le sujet. Avant de dessiner toute stratégie frugale, il est nécessaire de connaître la maturité digitale de l’organisation. Dans tous les cas de figure, il apparaît vital d’éviter toute forme de cloisonnement et de faire en sorte que les DRSE et DSI sortent d’une forme de marginalité sur le sujet. La création de communauté d’intérêts, notamment entre la cybersécurité et la frugalité numérique, apparaissent elles-aussi essentielles.
Pour éviter que le sujet de la frugalité numérique et, par extension, son chef de projet ne soient qu’une pure extranéité, il faut œuvrer à la naturalisation du processus. Cela passe par la création d’un cursus de formation résolument pratique, l’animation d’un réseau d’experts et de référents, une collégialité et des méthodes de révision dans la prise de décision.
Un effort en matière d’outillage numérique ou organisationnel est souhaitable pour accompagner la démarche. Les outils sont insérables à trois niveaux :
Outils d’analyse
Notamment à travers les analyses de cycle de vie (ACV). Essentielles à la mesure des impacts, et donc à leur réduction future, il ne faut pas oublier qu'ils « restent intrinsèquement un outil de calcul, et non de mesure ».
Outils de prise de décision
Identifiant les impacts environnementaux, ils paraissent nécessaires notamment aux niveaux de décision élevés comme le COMEX.
Outils de conception
Ils favorisent la réduction du poids des logiciels et donc la réduction des impacts à l’usage.
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